Instagram a perdu une bonne partie de ses utilisateurs, dont moi

Si l’on en croît les derniers chiffres parus, Instagram a perdu une bonne partie de ses utilisateurs actifs. Ceci serait la conséquence de l’annonce du changement des conditions d’utilisation en décembre dernier (ce changement n’est plus d’actualité, Instagram a fait machine arrière depuis). Je fais partie de ceux qui ont quitté le réseau Instagram, et voici en quelques mots pourquoi.

Olivier Rogel, dessinateur de Ratus

Ma dernière photo Instagram : Olivier Rogel, le dessinateur de Ratus

Il était une fois un tweet

C’est un tweet récent sur la baisse de fréquentation d’Instagram qui m’a incité à écrire ce billet. Dans ce tweet en effet, Claude Super (que vous pouvez retrouver sur l’excellent blog www.claudesuper.com) répond à @damiendouani :

tweet instagram

Sachant que j’ai également quitté Instagram récemment, j’ai eu envie de vous en dire un peu plus sur les raisons de ce choix. Je vous incite également à réagir pour me donner votre avis.

Non ce n’est pas étonnant

Rien d’étonnant à ce qu’Instagram perde des utilisateurs actifs. « Actifs » car le nombre d’inscrits au réseau Instagram continue à croître mais le nombre d’utilisateurs utilisant vraiment le service chute (source 01Net).

Pourquoi ? Principalement en raison de l’annonce du prochain changement des conditions d’utilisation des photos ? En partie oui, malgré le fait qu’Instagram ait fait machine arrière face au tollé des utilisateurs et ait récemment annoncé que les CGU ne changeraient finalement pas.

Je vois d’autres raisons à ces chiffres en baisse, liées ou pas au rachat par Facebook l’an dernier (voir « 5 raisons pour lesquelles Facebook rachète Instagram« ). En ce qui me concerne elles sont nombreuses et j’ai tenté d’en dressé la liste. Voici les principales.

Les conditions d’utilisation sont trop complexes

Comme pour la plupart des réseaux, les CGU – Conditions Générales d’Utilisation – sur Instagram sont trop complexes. Avez-vous déjà pris le temps de parcourir l’intégralité des CGU ? Essayez, voici le texte complet des conditions applicables au 19 janvier 2013. Si vous êtes comme moi vous n’irez pas au bout du premier paragraphe. Et nous signons tous un chèque en blanc.

Faut-il pour autant réduire les CGU d’un réseau social à quelques lignes, au détriment de toutes les pratiques en vigueur et de la protection des utilisateurs ? Non, probablement pas. Mais les CGU des principaux réseaux sont toutes rédigées pour que les utilisateurs les acceptent sans les lire. Et elles sont délibérément complexes de façon à ce que le réseau concerné soit libre de les interpréter comme bon lui semble.

Instagram souffre également de l’association faite à juste titre par les utilisateurs avec Facebook. Ce dernier n’est pas reconnu comme le plus transparent en matière de CGU. J’avoue qu’à l’annonce des changements sur Instagram je n’ai pu m’empêcher de penser que Facebook avait utilisé les méthodes qui lui sont propres sur Instagram.

Trop de réseaux tue les réseaux

J’ai une tendance naturelle à utiliser les réseaux sociaux pour partager mes images. J’ai un compte Flickr Pro historique, un compte Facebook, un profil Google Plus, un compte Instagram, j’utilisais Foursquare (c’est fini), un compte Tumbler (c’est bientôt fini) et accessoirement j’alimente un blog photo (duquel sont tirées les illustrations de mes articles). Ouf !

Quand bien même tous ces réseaux permettent, via leurs applications mobiles, de partager en quelques glissements de doigts une même image vers différents réseaux, trop c’est trop. Chaque réseau a ses particularités qui imposent différentes manipulations pour en tirer la quintessence, cela devient contraignant.

Sur Instagram il faut abuser des tags pour que vos images soient vues au-delà de votre propre réseau d’abonnés et pour que ce dernier se développe. Ajouter ces tags dans le titre de l’image (c’est long mais simple) n’est pas bien rendu sur votre profil Facebook. Tumblr ne prend pas en compte les tags de la même façon. Quant à Flickr, il s’en moque.  Autant dire qu’il faut poster sur chacun des réseaux de façon distincte si l’on souhaite optimiser sa visibilité. Je n’ai plus envie de faire cet effort.

Le contenu reste roi (libre adaptation au monde de l’image)

En matière de contenu, il est communément admis que celui-ci reste roi : on partage sur les réseaux sociaux des contenus produits par ailleurs, sur les blogs ou autres espaces de gestion de contenus. Sans contenu, point de partage.

En matière d’images, j’ai donc adopté le même principe : je publie mes meilleures photos sur mon blog, et je les partage ensuite sur les réseaux sociaux si j’en ai envie. Je reste maître de mon contenu (les images), du partage initial et je centralise mon activité sur un seul et même espace.

J’utilise encore Flickr pour partager certaines images prises au fil de l’eau (ma série Daily Life). Et ça suffit. En procédant ainsi je ne perds pas de temps en manipulations diverses et variées et je ne m’éparpille pas (plus). La visibilité sur Flickr est bien meilleure que sur Instagram, le référencement également (au sens SEO) et la présence des groupes de partage un plus.

La mobilité est (parfois) un frein

En matière de photographie, la mobilité est un frein. Autant être capable de saisir une image à la volée grâce à son smartphone est un avantage indéniable (si tant est que cette image soit acceptable au final), autant s’évertuer à partager en temps réel, parce que rien d’autre au monde ne compte, est un frein indéniable à la créativité. J’ai envie de prendre le temps, de revenir sur mes images quelques heures plus tard et de décider alors si elles méritent d’être partagées ou pas.

Je ne conteste pas les usages différents des miens, partager des illustrations en temps réel peut avoir du sens. J’en veux pour preuve les partages que je peux faire dans un cadre professionnel, pour rendre compte d’une situation donnée à un moment donné. Mais désormais Twitter fait aussi bien, Facebook aussi et Google Plus également. Chacun de ces réseaux permet la localisation, les tags, le partage, une liste d’abonnés et quelques autres fonctions. Quel est donc l’avantage d’Instagram au final particulièrement depuis que l’usage des filtres vintage n’est plus l’exclusivité de ce réseau ?

J’aime tous les formats

C’est ma pratique de la photographie qui me fait ajouter ce point particulier mais Instagram impose le format carré alors que mon smartphone photographie au format 4:3. J’aime travailler mes cadrages, j’aime travailler mes images (j’utilise Snapseed), je n’aime pas être forcé de toujours recadrer en carré. Et accessoirement, recadrer c’est perdre du temps.

Je me moque de ce que vous mangez

Je me dois de faire ce constat : la plupart des personnes que je suivais sur Instagram mangent bien, très bien même. J’apprécierais de voir quels sont les plats que propose un restaurant si j’avais envie de le suivre, mais sincèrement, connaître le contenu de vos assiettes à chaque repas, je m’en moque. Pourquoi ne pas proposer plutôt un joli portrait de la personne avec laquelle vous déjeunez ? Personnellement, je préfèrerais.

Au final, Instagram va-t-il péricliter ?

Probablement pas. Supporté qu’il est par Facebook, Instagram va probablement retrouver des couleurs en 2013 une fois que le temps aura fait son effet et que les utilisateurs qui l’ont quitté seront remplacés par d’autres. La montée en puissance de la mobilité, l’omni-présence des smartphones, l’arrivée de nouveaux appareils mobiles (tablettes, objets connectés) dont certains sont capables de prendre des images vont constituer un nouveau vivier d’utilisateurs et d’utilisations. A moins que chacun réfléchisse à ses usages personnels, ne se pose les bonnes questions et fasse un constat similaire au mien.

Et vous, vous en êtes où avec Instagram ?

5 Commentaires sur "Instagram a perdu une bonne partie de ses utilisateurs, dont moi"

  1. Personnellement j’ai supprimé mon compte il y a quelques semaines car j’en avais marre de voir toutes ces fans faire des likes, des coms et mettre des smileys sur les photos de mon compagnon qui ne vit plus QUE dans ce monde, avec en main, du mari au soir, appareil photos, iPad et iphone, avec en prime des petits sourires d’autosatisfaction lorsqu’il regarde ses écrans. S’il a besoin de se faire mousser virtuellement pour vivre, Instagram a en ce sens pourri notre vie de couple et de famille. Voilà !

    • Je ne voudrais surtout pas rentrer dans les problèmes de couples … Les réseaux sociaux ont des usages bien différents d’une personne à l’autre. Je dois d’ailleurs mettre à jour cet article car j’ai repris l’utilisation d’Instagram dans un cadre bien précis. Je vous dirai pourquoi.
      Par ailleurs, en tant que photographe, je ne conçois pas de prendre une photo et de la poster immédiatement. Lorsque je suis en famille j’utilise l’iPhone comme l’appareil photo mais j’attends le soir ou quelques jours pour trier et poster les photos quand je ne suis plus dans l’action. Peut-être une piste pour Monsieur ? 😉

  2. Salut Jean-Christophe, merci pour ton article (un peu long 😉 car je me demandai la même chose avant de lancer mon nouveau blog. J’ai envie de n’utiliser que deux réseaux comme Twitter et Facebook (souvent critiqué mais jamais égalé – mais bon c’est le seul moyen d’échanger avec des vrai amis). Est-ce une stratégie risquée d’après toi ? Au plaisir de te lire. Stan

    • Jean-Christophe Dichant | 08/04/2013 at 18:10 | Répondre

      J’ai du mal à faire court, c’est un drame 🙂
      Je pense que plutôt que de compter le nombre de réseaux, mieux vaut évaluer la portée de chacun et qualifier sa cible. Si tu vises un public B2C, Facebook fonctionne, avec des contraintes mais ça marche. En B2B aucun intérêt par contre.
      Twitter est intéressant mais le trafic en retour sur un blog n’est pas nécessairement intéressant. C’est plus la dimension networking – influenceurs qui est intéressante (faire parler de soi sans parler de soi …).
      Je ne négligerais pas Google Plus qui est très intéressant pour un blogueur (voir mon dossier en cours) et présente de belles perspectives.
      Et au final rien ne remplace l’expérimentation pour affiner le tir 😉
      Bon courage !!

  3. Je partage ce point de vue. Instagram avait des avantages et les a perdu. Perso j’utilise Flickr, même si Yahoo n’est pas vraiment un maître dans l’art de la simplicité et de l’intuitivité !

Laissez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas rendue publique.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.